jeudi 4 novembre 2010

Retraires, la force d'un mouvement


Retraites, la force d’un mouvement

Au moment où cet édito est rédigé, le projet de loi sur les retraites n’a pas encore été définitivement voté par le Parlement, mais il y a de grandes chances pour qu’il le soit dans les jours qui viennent.

Au même moment, à l’Assemblée Nationale, s’engage le débat budgétaire qui nous promet pour 2011 une politique de rigueur et d’austérité. Hasard des calendriers ? Pas seulement.



Voilà deux ans, lors de l’éclatement de la crise financière, les Etats sauvaient les marchés financiers de la débâcle en s’endettant démesurément. Aujourd’hui, ces mêmes marchés tiennent les Etats endettés sous tutelle. Ils les mettent dans l’obligation de pratiquer une politique de rigueur au risque de voir leur « note » dégradée, ce qui aurait pour effet de renchérir les taux auxquels ils empruntent et donc d’augmenter le poids de leur dette.

On ne comprend rien à la réforme des retraites et à la façon dont le Gouvernement l’a élaborée, si on n’a pas à l’esprit ces éléments. Cette réforme est une partie du mécano de la rigueur qui se met en place. Il fallait une réforme qui rapporte gros, d’où le report des mesures d’âge, 62, 67 ans ; et cela en un minimum de temps, d’où la montée en charge très rapide du dispositif.

Là où l’Allemagne met vingt ans pour boucler sa réforme, la France en met dix.

Là où les Allemands voient la durée du travail augmenter d’un mois par an, pour nous, Français, c’est de quatre mois par an. En faisant des mesures d’âge le cœur du dispositif de sa réforme, en refusant toute négociation sur ce sujet, le Gouvernement a choisi le passage en force. Il savait pertinemment que ce parti pris interdisait toute négociation avec les organisations syndicales.

Ce qu’il n’avait pas mesuré, c’est le rejet massif que ce projet allait susciter dans le pays. Ce qu’il n’avait pas mesuré, c’est la force de la mobilisation que nous étions capables de déclencher. Ce que le pouvoir n’a pas mesuré, c’est le discrédit moral qui frappe tous ceux qui sont accusés de vouloir faire payer les effets de la crise financière aux plus modestes et aux plus faibles. Le séisme de la crise vient de provoquer une première réplique.

L’irruption des lycéens dans le mouvement ne peut se lire autrement. Pour eux, au mot retraite, l’écho répond : chômage, précarité, discrimination… Pour l’UNSA, la force de ce mouvement, qui fera date dans l’histoire sociale de notre pays, s’ordonne autour de trois axes : une critique argumentée du projet de réforme dont le fait saillant est son caractère injuste, une forte adhésion de l’opinion publique devant un mouvement structuré et responsable, loin de tous débordements violents, et, enfin, une unité d’action syndicale qui a marqué les esprits.

En faisant adopter son projet, le Gouvernement aura gagné une bataille : celle de la légalité. La force du mouvement que nous avons initié lui interdit par contre de gagner la bataille de la légitimité, à nos yeux la plus importante. Ce faisant, nous prenons date pour l’avenir. Pour l’UNSA, les critiques formulées contre le projet de loi demeureront une fois la loi votée. Tôt ou tard une autre réforme des retraites plus juste que celle-ci devra être mise en chantier.

L’UNSA sera partie prenante de tous les combats dans le cadre de l’intersyndicale dont nous sommes un des éléments moteurs. Le front syndical contre la réforme des retraites tient et tiendra.

25 octobre 2010

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